vendredi 24 mars 2017

La fureur du dragon

Aujourd’hui, après m’être longuement raisonné, je devais me résoudre à y aller. Je ne pouvais décidément pas reculer éternellement bon sang ! Pourtant il le fallait bien malgré mes réticences. 
Je devais avoir confiance en mes qualités de guerrier. En bon Barbare qui se respecte, je me devais d’affronter une bonne fois pour toute "La Bête" ! 
C’est que je ne pouvais même plus compter sur ma horde ! Ils m’avaient lâchement abandonné dans ma quête. Je devais m’y rendre seul pour vaincre ce démon et remporter le trésor convoité.

C’est d’un pas impavide que je me suis lancé sur le chemin qui mène à cette vile créature démoniaque. 
Je vérifie une énième fois que je suis bien équipé. C’est bon, je suis armé pour combattre ce monstre qui hante mes cauchemars.
Après une longue marche parsemée de pensées combatives mais surtout de doutes, je me présente enfin devant l’antre du mal. 
Je bande mes muscles, respire un grand coup et je pénètre dans l’enceinte maudite qui renferme un dragon d’une cruauté sans nom.
Je me plante devant l’horrible chose quand celle-ci me transperce d’un coup du regard ! Je me sens complètement tétanisé, m’arrêtant net dans mon élan de conquérant. L’être sordide en profite alors pour lancer son attaque !

C’est d’une voix rocailleuse et dévastatrice que l’atrocité sur patte me lance :
"Alors mon petit monsieur, qu’est-ce qu’il veut ? Dépêchez-vous, d’autres clients attendent !" 
Il s’agit madame Lamiche, la vieille boulangère acariâtre de l’unique boulangerie du village !
Je ne suis plus qu’un moins que rien devant cette succube revêche. Mon courage s’envole et je me désole.
Je ne puis que balbutier d’un son quasi-inaudible : "une ba-ba, une ba, une ba-ba …. "
La méchante sorcière réplique d’un tonitruant : "Et bien, vite mon petit monsieur, on n’a pas toute la journée hein !".
Je ne suis plus qu’un vermisseau rampant qui tente d’articuler : "Une baguette ma-ma-madame" et je lui tend timidement ma pièce de 2 sous.
Elle m’assène à ce moment le coup de grâce : "Je ne vous rends pas monnaie hein, je n’ai plus du tout de petites pièces ! Allez, à qui le tour ?"

Je me suis enfuis honteux, la queue entre les jambes et une baguette trop cuite, sûrement immangeable, sous le bras. Je ne suis pas parvenu à lutter contre l’atrocité incarnée, c’est elle qui m’avait de nouveau terrassé !

Promis, la prochaine fois, je m'achète du pain de mie chez l'épicier !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire